Portfolio: « Ici l’Ombre est Bleue », Clémence Trossevin
Clémence Trossevin habite à Paris, mais son travail se nourrit des couleurs et influences de ses Cévennes natales. C’est l’atmosphère particulière de son Sud qu’elle infuse dans sa série « Ici l’Ombre est Bleue », exposée à la Slow Galerie jusqu’au 20 juin.
Un maillot de bain qui sèche. Un verre de vin sur la table, et deux, et trois. Des tongs en vrac. Les feuillages et les ombres qui narrent la tranquillité d’un été passé en famille, ensemble. Les scènes ombragées de Clémence Trossevin communiquent plus que des vacances : elles documentent des moments intimes et précieux, chez elle, à Saint-Hyppolite-du-Fort. A travers vingt-trois œuvres, l’artiste formée à l’Ecole du Louvre en archéologie et histoire de l’art nous raconte son histoire, celle d’un temps hors le temps dans son village natal.
“Ici, l’Ombre est Bleue” :
©Clémence Trossevin
“Je souhaitais replonger dans mes souvenirs”
Originaire du Sud, Clémence n’y vit plus depuis dix ans. Dix années où la vie parisienne a peut-être pris le pas sur le rythme de son enfance et de son village natal : « Ce sont mes retours ponctuels [chez moi] durant l’été qui m’ont fait réaliser à quel point l’atmosphère y était particulière. La famille, la nature, la chaleur, le rythme de vie. A travers cette série de peintures, je souhaitais replonger dans mes souvenirs et capter les moments qui me font me sentir bien. » Ses scènes triviales deviennent une poésie du quotidien, et nous emmènent dans un ailleurs aussi vivant que nostalgique.
Trivial, l’adjectif est peut-être connoté, mais il prend un sens nouveau, mélioratif et joliment mélancolique dans les œuvres de l’artiste. Les scènes les plus simples et communes prennent un sens nouveau sous son pinceau. Elles nous apportent un regard nouveau sur le « mal du pays », guéri l’espace de quelques moment choisis lors de ses pauses à Saint-Hyppolite-du-Fort l’été dernier : « Ce sont souvent les souvenirs et les sensations liées à ces objets qui m’ont donné envie de les représenter. L’évier dans le jardin, c’est la source de fraîcheur qui sauve lors d’un après-midi trop chaud. La bouteille de vin ou de pastis, c’est la famille, la célébration, le rassemblement. Le maillot de bain qui sèche, c’est le souvenir d’une baignade à la rivière. » Des scènes « très personnelles » qui trouvent sans mal un écho dans nos histoires communes, capturées sur l’instant par des croquis en noir et blanc dans ses carnets de dessins.
De la simplicité estivale et de la fraîcheur
Spécialisée dans les arts d’Extrême-Orient et passionnée par les motifs des porcelaines et soieries chinoises, Clémence Trossevin produit en général des gouaches et aquarelles très travaillées, qui excellent dans le détail et la précision des couleurs. Dans « Ici l’Ombre est Bleue », son trait se fait plus naïf et le dessin plus simple, dénué de tout atour. « Mes croquis ont été dessinés sur le vif, avec un minimum de traits. Cela donnait une certaine spontanéité que j’ai tenté de conserver au moment du passage à la couleur. Peut-être que c’est pour cela que les peintures de l’exposition contraste avec mes précédents travaux. » La sincérité et la simplicité sont les maître-mots de sa série. Les peintures qu’elle présente sont celles de la vie estivale dans son village : « La nature, qu’elle soit sauvage ou entretenue dans un jardin. Les fêtes, les repas qui s’attardent, les parties de cartes et le temps qui s’écoule lentement. »
Evoquant l’ombre et une couleur froide – le bleu –, le nom de la série de la jeune artiste pourrait paraître antinomique. Mais le titre « Ici l’Ombre est Bleue » évoque la quintessence même des étés chauds pour elle : « Le titre vient d’un des seuls croquis préparatoires que j’avais fait en couleur : les ombres bleues qui se dessinaient sur les chemins de calcaire. Cela m’a frappé et Lamia – la directrice de la SLOW Galerie – m’a encouragée à creuser cette idée. Ce titre évoque ce qu’il y a de plus précieux l’été dans le sud : la recherche de la fraîcheur. » L’ombre bleue, comme synonyme du soleil lourd et rasant des Cévennes, par Clémence Trossevin est à découvrir jusqu’au 20 juin à la Slow Galerie.
Propos recueillis par Maud Darbois.
« Ici l’Ombre est Bleue » est à découvrir à la Slow Galerie jusqu’au 20 juin 2020 et le travail de Clémence Trossevin sur son Instagram.
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